Dans le Backlog de TPP, les rédactrices et rédacteurs du site dépoussièrent leurs bibliothèques virtuelles et viennent vous parler tous les mois de jeux, récents ou anciens, enfin sortis de leurs backlogs et qui les ont séduits. En ce mois de janvier, Shift ricane bêtement devant les détournements de Death of the Reprobate, Murray tape sur les nazis d'Indiana Jones et le Cercle Ancien, et Zali se plonge dans le crash spatial sans retour de Mouthwashing.
Shift : Death of the Reprobate
Qu’on se le dise : Death of the Reprobate est le jeu le plus stupide auquel j’ai joué récemment. On ne dirait pas comme ça, mais c’est un compliment, de la même manière que je saluais la bêtise exemplaire de McPixel 3 deux ans en arrière, car la stupidité des jeux de Joe Richardson est de celle qui force le respect et l’admiration autant qu’elle provoque de francs éclats de rire, tant elle est créative et radicale. Troisième et ultime volet de la série initiée avec Four Last Things et The Procession to Calvary, Death of the Reprobate reprend les mêmes éléments : du détournement et découpage scandaleux de tableaux classiques, pour utiliser ces lieux, personnages et situations de la manière la plus idiote, iconoclaste et déviante possible.
Si vous n’avez pas touché aux autres jeux de la saga, pas de panique, Death of the Reprobate fonctionne très bien tout seul. Mieux, c’est probablement la meilleure porte d’entrée dans l’univers débilissime de Joe Richardson, en cela qu’il est tout aussi drôle que les autres, mais dispose en plus d’une excellente localisation en français (là où celle de The Procession to Calvary était plutôt bancale) et d’un système d’aide en cas de blocage sur les quelques énigmes qui ponctuent l’aventure. Résultat, la quête de notre détestable protagoniste se déroule sans encombre ni difficulté, et il ne reste qu’à se laisser balloter de blague idiote en détournement consternant en ricanant bêtement durant les trois petites heures que durent l’histoire, avant de se jeter sur les autres titres de Richardson, maintenant que le doigt est coincé dans l’engrenage.

Death of the Reprobate, tout comme les autres jeux de Joe Richardson ou Sos Sosowski, est un titre fatalement clivant, en cela qu’il ne repose que sur deux arguments : son humour et écriture, auxquels il faut absolument adhérer pour espérer passer un bon moment, et sa direction artistique, évidemment magnifique, mais qui ne saura rattraper le tout si la blague ne vous parle pas. Pour le reste, c’est un point & click tout ce qu’il y a de plus classique et fonctionnel, lui aussi entièrement au service des vannes crétines. Mais si, comme moi, êtes client·e·s d'humour absurde, scabreux, violent et sale, vous ne pouvez que passer un bon moment sur le titre le plus positivement stupide de 2024.
Murray : Indiana Jones et le Cercle Ancien
Pour reprendre une expression récente de Shift, qu'on se le dise : Indiana Jones et le Cercle Ancien est loin d'être parfait. C'est un jeu avec une IA des ennemis qui laisse à désirer (même si oui, ils sont nazis, ça reste logique), une gestion de son inventaire pas toujours très intuitive et qui, malgré ses zones ouvertes limitées par leur taille, arrive à être un peu répétitif quand on décide de tout récupérer.
Mais bordel, qu'est-ce que j'ai passé un bon moment dessus. Parce que, quand on a grandi avec un héros à l'ombre si reconnaissable, quand on a imaginé pouvoir trouver des reliques anciennes au fond de son jardin armé d'un simple fouet (en réalité un bâton accompagné d'un "Huitisch" fait à la bouche), on ne peut que voir le respect qu'a eu MachineGames pour la licence. On retrouve tout le plaisir des films : un mystère vous faisant partir pour une aventure à travers le monde (Italie, Égypte, Himalaya, etc), de l'humour avant d'aller mettre KO des nazis trop confiants avec un coup de pelle bien placé (mon dieu, le sound design de ce jeu, quel bonheur), un méchant à la fois ridicule et flippant et trop d'endroits avec des portes cachées et des mécanismes mortels qu'on prend plaisir à explorer.

Vous êtes là pour incarner le docteur Jones et passer un bon moment, un paquet de bonbons pas loin de la main. Et la meilleure preuve de ça se trouve sans doute dans l'intro du jeu où vous refaites celle du premier film dans le temple de la jungle du Pérou. Alors que vous vous retrouvez devant la relique de la fertilité, la musique s'intensifie, vous sortez le petit sac de sable, et le jeu vous invite à en enlever un peu. Vous n'êtes pas obligé, vous savez déjà quel sera le résultat. Pourtant, ça y est, vous y êtes enfin, vous êtes devenu Indiana Jones. C'est un sentiment qui ne m'a pas quitté jusqu'à la fin du jeu. Donnez-moi une suite dans 2/3 ans et je reprendrai le fouet avec le même plaisir.
Zali : Mouthwashing
Les cinq membres d'équipage du Tulpar, un vaisseau de fret commercial spatial, se retrouvent coincés dans le vide intersidéral à la suite d'une collision avec un astéroïde. Et ce sans presque aucun espoir d'être secourus par leur entreprise, qui avait de toute façon planifié de les virer sans ménagement à leur retour. Et le seul espoir de ne pas mourir de faim et de soif est la cargaison du vaisseau, qui s'avère être des millions de bouteilles de bain de bouche. Vous pensez que c'est angoissant ? Oh, ça c'est une partie de plaisir à côté de ce qui se passe après ces quelques minutes d'intro. Bienvenue dans Mouthwashing.
Si le jeu de Wrong Organ (quel nom !) s'est vendu à des centaines de milliers d'exemplaires en quelques semaines, c'est par un solide bouche-à-oreille, mais aussi parce que, bon sang, c'est un foutu bon jeu. Il y a quelques jours, un papier du New York Times sur la faiblesse de l'écriture des jeux vidéo a énormément fait parler. Mouthwashing, incontestablement, fait partie de ces rares titres qui mettent la barre extrêmement haut en matière d'écriture, tous médias confondus.

Une barre sale, sanglante, poisseuse, certes. Mais Mouthwashing n'est pas là pour vous faire plaisir. Il est là pour vous faire vous questionner sur le sens d'une tragédie, sur le rôle d'un narrateur ou d'un personnage, et vous mettre le nez dans le caca de manière particulièrement amère. Il serait dommage de spoiler ce qu'il se passe exactement dans cette courte descente aux enfers, d'autant plus que la révélation centrale au cœur de la catastrophe ne vous sera jamais explicitement expliquée. Mais une fois qu'on en a terminé et que notre cerveau a terminé d'assembler les pièces de ce puzzle macabre et de comprendre de quoi il est réellement question ici, on en ressort changé et meurtri. Mouthwashing est un jeu qui vous fera souffrir. Mais c'est pour votre bien.
Retrouvez nos avis sur d'autres jeux du mois de janvier







Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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